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Raghuram Rajan : « Crise : au-delà de l’économie »
Conférence du professeur de la Chicago Booth School of Business, à l’École d’économie de Paris, le 10 avril 2013.
mardi 2 juillet 2013 - Mis à jour le dimanche 26 mai 2013
Raghuram Rajan propose de réfléchir aux origines profondes de la crise économique, afin d’énoncer des solutions efficaces.
Dans son analyse, il part du creusement des inégalités aux États-Unis et en cherche les causes. Selon lui, ce creusement est dû à l’accélération du progrès technologique et à l’insuffisance de l’éducation face aux nouvelles exigences de connaissance. De ce fait, les classes moyennes n’arrivent pas à suivre ; seule une élite ultra-privilégiée, et ultra-payée, a accès au fonctionnement du système.
Dans l’histoire récente, la démocratie et le capitalisme n’entrent pas en contradiction ; sauf depuis la crise globale : phénomène de concentration des richesses, gouvernements accusés d’être trop technocratiques…
Pour sauvegarder le régime démocratique (et capitaliste), il faut absolument redonner des opportunités d’ascension aux classes moyennes. Est-ce possible sans une intervention massive de l’État ?
Afin de comprendre la situation actuelle, Raghuram Rajan remonte à la période d’après-guerre. Un Etat-providence a alors été installé en Europe et aux Etats-Unis, se fondant sur un régime de croissance soutenu, mais surtout sur la durabilité de ce régime. Or, les problèmes économiques sont survenus, suivis d’une baisse de croissance, notamment suite au choc pétrolier de 1973. Des stimulations de type keynésien ont été tentées, mais n’ont généré que de la "stagflation". Puis est venue une période durant laquelle on a plus focalisé sur l’offre, au moment de la dérégulation prônée par Ronald Reagan et Margaret Thatcher. En Europe continentale, les réformes ont été plus lentes, passant par un processus d’intégration avant d’entamer également une certaine dérégulation.
Cette dérégulation a eu des conséquences sur le système financier. Il existe une corrélation entre niveau des salaires et niveau d’éducation des employés dans ce secteur. Lorsque la finance est régulée, les salaires baissent, ainsi que le niveau d’éducation des recrutés. Suite à la dérégulation, les rémunérations sont reparties à la hausse, de même que la formation acquise par les nouveaux embauchés. Comme la finance dispose de ressources importantes, une conséquence de l’ouverture de la compétition réside de fait dans la hausse importante des salaires.
Or, la qualité de l’éducation aux Etats-Unis n’a pas suivi l’évolution du marché du travail dans le sillage de la mondialisation et de la technologisation de l’économie. Ainsi, les 25-34 ans passent aujourd’hui moins de temps à l’école que les 45-54 ans. Pour être au niveau, les étudiants doivent donc étudier plus sur une période plus courte.
Les salaires des classes moyennes n’évoluent plus dans ce contexte, sauf si elles sont suffisamment formées pour répondre aux exigences du marché.
Pour pallier à cette stagnation du niveau de vie des classes moyennes, qui entraîne une hausse des inégalités et une pression croissante sur les pouvoirs publics, les représentants politiques des Etats-Unis ont opté pour une solution facile : élargir l’accès au crédit (« affordable housing » de Bill Clinton, « ownership society » de George W. Bush). Il est en effet bien plus difficile de s’attaquer à la question de l’éducation. De plus, le peuple états-unien est hostile à l’option redistributive, trop coûteuse. En même temps, tout le monde veut consommer plus.
Ce système du crédit cache le fait que le niveau de vie réel des classes moyennes a décroché. Donc la dérégulation a permis de transformer les ménages en purs consommateurs, passifs. Mais c’est surtout le manque d’adéquation de l’éducation avec le monde technologique qu’il faut blâmer. Sans celle-ci, les classes moyennes ne peuvent être actives, productrices.
En Europe, le cercle vicieux a suivi la même logique à partir d’instruments différents : c’est la hausse des dépenses publiques qui compensent la stagnation du niveau de vie des classes moyennes (crise : Grèce en raison du budget fédéral, Espagne à cause du logement et des finances publiques locales). Parallèlement, comme les coûts du travail augmentent, la compétitivité chute.
Ces deux choix, facilitation du crédit et hausse des dépenses publiques, ne sont malheureusement pas soutenables. La crise ne réside donc pas seulement dans une supposée connivence entre les mondes économique et politique.
Voici quelques pistes de solution pour réconcilier les classes moyennes avec leurs environnements politique et économique :
modifier les droits de propriétés intellectuelles ;
mieux contrôler les actionnaires et les détenteurs d’obligations ;
réformer l’Etat-providence.
Le défi pour l’avenir du système financier n’est pas de développer une régulation à outrance, mais de mieux le réguler, en commençant par appliquer les règles existantes laissées de côté.
Dans un régime démocratique, si les masses ne voient pas d’opportunité pour leur avenir, elles ne soutiendront ni la propriété, ni la libre-entreprise. Or l’un et l’autre jouent un rôle de contrôle sur le gouvernement, élément primordial dans toute démocratie.
Pour aller plus loin :
Version française : Crise : au-delà de l’économie, Paris : ED. Le Pommier, 2013.
Version originale : Fault Lines. How Hidden Fractures Still Threaten the World Economy, Princeton : Princeton University Press, 2010.
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